Les étudiants de master en management des structures de santé ont organisé une conférence publique le jeudi 16 février 2023 à Ouagadougou. Elle a pour thème ‘‘quel marketing pour sauver les structures de santé au Burkina Faso’’ ? Cette conférence a pour but de permettre aux structures et aux agents de santé de mettre en place de bonnes stratégies de communication tout en tenant compte de la législation qui encadre le domaine sanitaire. La conférence a été coprésidée par le Pr Charlemagne Ouédraogo, le spécialiste en marketing Romaric Sawadogo et le Dr Nicole KOMBOÏGO.
L’objectif du marketing des hôpitaux est de placer les patients au cœur de la structure de soins à travers une offre différenciée, un parcours patient attractif et un personnel engagé», a déclaré Romaric Sawadogo, spécialiste en marketing stratégique. Au cours de la conférence, il a expliqué qu’avant, l’hôpital se contentait d’être l’endroit où on allait juste se soigner. Une situation que les patients acceptaient facilement. Mais aujourd’hui et certainement demain l’hôpital doit répondre aux besoins des patients. Le client patient est maintenant très informé et donc plus exigeant sur la qualité et les résultats des soins. C’est pourquoi tous les enjeux des structures de santé (publiques ou privées) doivent se recentrer sur une approche santé client. Pour lui, le marketing est plus que jamais un vecteur d’adaptation et d’évolution de l’offre de santé au Burkina Faso, dans le respect strict de la loi.
Il a aussi rappelé que le marketing des hôpitaux est l’ensemble des actions marketing qu’on peut mettre en œuvre dans le cadre des structures de santé qui sont des structures sociales. Le spécialiste en marketing stratégique a également attiré l’attention des participants sur le fait que dans le domaine de la santé, le marketing doit s’adapter de sorte à ne pas être que commercial mais à prendre en compte les préoccupations des patients.
Le professeur Charlemagne Ouédraogo a axé son allocution sur la législation qui encadre le marketing au Burkina Faso. «Il est important de savoir que la communication en santé est strictement règlementée. On ne peut pas faire la communication en santé comme si on vendait des produits alimentaires», a-t-il affirmé. «L’objectif de la communication médicale n’est pas de faire la promotion d’un cabinet médical, d’une entreprise de santé, d’un produit, ou d’un soin ; bien au contraire, la loi réprimande fortement toute forme de publicité, que ce soit pour vendre un produit ou attirer des patients à consulter chez soi», a-t-il ajouté.
Le Pr Charlemagne Ouédraogo a saisi l’occasion pour rappeler les interdictions en matière de marketing dans le domaine sanitaire. Ce sont entre autres l’interdiction de faire de la publicité ou d’influencer le choix du public, d’effectuer une communication à des fins commerciales, de faire des comparaisons avec d’autres structures de santé.
«Un site web professionnel de santé doit comporter les éléments suivants :l’adresse du cabinet, les coordonnées téléphoniques, les horaires d’ouvertures, les dates des congés, le plan d’accès, les collaborateurs. Il ne doit pas aller au-delà» a-t-il insisté.
Le professeur reconnait que les textes sont contraignants mais assure que ce ne sont pas ces textes qui empêchent la promotion des activités des cliniques privées. Pour lui, l’arbre ne doit pas cacher la forêt car c’est plus la qualité des services qui va attirer le patient vers une clinique, plutôt que le marketing. Il propose l’intégration d’un module sur l’entrepreneuriat en santé dans les facultés de médecine afin d’éviter la faillite des futurs entrepreneurs.
Le Dr Nicole Komboïgo a quant à elle fait un partage d’expérience sur sa clinique dénommée clinique Frany. Selon elle, les structures de santé doivent axer leur stratégie marketing sur les patients. Elle explique cela en ces termes :«Notre règle d’or c’est de mettre le patient au centre de toute prise de décisions. À la clinique Frany, les patients bénéficient de tous les services au même lieu. Nul besoin d’aller ailleurs pour rencontrer un spécialiste. Les examens complémentaires se font à la clinique. En plus nous avons mis l’accent sur l’hygiène et la propreté des lieux et nous avons créé un cadre agréable pour attirer les patients.»
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