L’agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive (UNFPA), a publié ce mercredi 17 avril 2024, un nouveau rapport intitulé « destins entremêlés, lueurs d’espoir : mettre fin aux inégalités dans la santé et les droits sexuels et reproductifs ». De ce rapport, il ressort que les femmes africaines sont 130 fois plus susceptibles de mourir de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement.
Selon les conclusions du rapport, les femmes et les jeunes filles piégées dans la pauvreté risquent davantage de mourir prématurément faute de soins de santé suffisants si elles appartiennent à des groupes minoritaires ou si elles sont prises au piège d’un conflit.
La santé sexuelle et reproductive des femmes en Afrique constitue un enjeu capital pour son bien-être et le développement de la société. Les droits des femmes à disposer de leur corps font partie des droits humains fondamentaux, mais ils sont loin d’être acquis dans certaines régions du monde, notamment en Afrique francophone, selon le média d’information TV5.
Un Plan stratégique (2018-2021) avait été mis en place par le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), en vue de contribuer à la réalisation de l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive. Lors de la conception du plan en question, le taux de mortalité maternelle était de 679 pour 100 000 naissances vivantes, dans les régions de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Dans son nouveau rapport, l’UNFPA a déclaré que les femmes africaines sont 130 fois plus susceptibles de mourir de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement, que les femmes d’Europe et d’Amérique du Nord. Selon l’organe onusien, les violations des droits de santé reproductive des femmes entraînent une augmentation des décès évitables. Les décès maternels sont le reflet des inégalités qui gangrènent tous les aspects de la santé sexuelle et reproductive, tant les disparités sont flagrantes au sein des pays et entre eux. Le décès ou la survie d’une femme peut dépendre du lieu où elle accouche, étant donné que la grande majorité des décès maternels (plus de 70%) se produisent en Afrique subsaharienne, une région qui abrite bon nombre des pays les moins avancés ainsi que la plupart des systèmes de santé les plus fragiles, soutient le rapport.
L’étude menée par ce rapport révèle que dans un monde où 1/4 des femmes ne peuvent pas dire non aux relations sexuelles avec leur partenaire et où près de 1/10 n’a pas le choix en matière de contraception, 800 femmes meurent chaque jour en donnant naissance ; et près de 500 de ces décès évitables, surviennent chaque jour dans des pays en proie à des crises humanitaires et à des conflits. La directrice exécutive de l’UNFPA, Dr Natalia Kanem, a confié dans ledit rapport, que « la mortalité maternelle n’a plus baissé depuis 2016 et augmente même dans un nombre alarmant de pays. Près de la moitié des femmes ne sont toujours pas en mesure de prendre leurs propres décisions concernant leur corps ni de jouir d’une bonne santé sexuelle et reproductive, et de l’exercice de leurs droits en la matière ».
Le rapport a évoqué que les filles et les femmes en situation de handicap sont jusqu’à dix fois plus susceptibles de subir des violences fondées sur le genre. Elles ont également plus de difficultés à accéder à des informations et à des soins en matière de santé sexuelle et de reproduction, en plus des situations de discrimination et de stigmatisation qu’elles subissent.
Nonobstant, le présent rapport offre de nombreux exemples de programmes et d’initiatives qui ont permis d’élargir l’accès et le recours à des soins de qualité, le plus souvent grâce à des interventions conçues par et pour les plus démunis. Il souligne l’importance d’adapter les programmes aux besoins des communautés et de donner aux femmes et aux filles les moyens d’élaborer et de mettre en œuvre des solutions innovantes. « Nous avons besoin de soins de santé complets, universels et inclusifs, respectueux des droits fondamentaux et fondés sur des solutions qui ont déjà fait leurs preuves », a renchérit Dr Natalia Kanem. Et d’ajouter qu’il « est de la responsabilité des hommes, d’être les champions des droits reproductifs des femmes, des droits reproductifs de tous ».
Le rapport estime que si 79 milliards de dollars supplémentaires sont investis dans les pays à revenu faible et intermédiaire d’ici à 2030, 400 millions de grossesses non planifiées pourraient être évitées, un million de vies sauvées et 660 milliards de dollars de bénéfices économiques pourraient être générés.