L’achat des légumes fait partie du quotidien des ménages au Burkina Faso. Ce sont plusieurs femmes qui bravent d’énormes difficultés pour mettre les légumes à la disposition des ménages pour leur besoin journalier. C’est précisément le cas des vendeuses du marché M’ba Simon Toèga de Nagrin (quatier de la ville Ouagadougou). Ce lundi 6 février 2023, une équipe de la Radio Développement Internationale (RDI) est allée à la rencontre de ces femmes qui se battent jour et nuit pour approvisionner le marché en légumes.
Arrêtée en face de ses caisses de tomates, Alimata Somtoré revient de Boulsa, localité située à 134 km de Ouagadougou. Elle est l’une des commerçantes grossistes du marché M’Ba Simon Toèga. Le long trajet pour s’approvisionner constitue une difficulté majeure de son métier. Elle rallie Ouagadougou-Manga, Ouagadougou-Boulsa et bien d’autres villes pour s’approvisionner. Pour ce faire, elle est obligée de quitter la capitale à des heures tardives pour espérer arriver à destination dans la matinée. « Nous avons quitté Ouagadougou le samedi à 23h et nous sommes rentrées dimanche à 22h. Parfois nous démarrons à 23h, 00h, 01h du matin» confie-t-elle. Lorsque Alimata Somtoré fait ses 7 heures de route pour revenir à Ouagadougou, elle prend environ deux heures pour décharger car elle loue les services des gros véhicules de transport. Cela l’oblige parfois à dormir au marché.
En plus de la longue distance, les vendeuses courent le risque d’accident de circulation dû à l’étroitesse des voies « Nous transportons 2 ou 3 sacs de 100kg sur nos motos. Avec l’embouteillage, il y a plus de risque d’accident » déclare Christine Nayaga, commerçante grossiste au marché M’ba Simon Toèga.
Les vendeuses sont également confrontées à des difficultés d’ordre sécuritaire. En effet, ces femmes sont dans l’inquiétude permanente. Elles se demandent si cela vaut la peine de risquer leur vie pour s’approvisionner. Elles doivent se renseigner auprès des fournisseurs pour se rassurer avant de démarrer. Alimata Somtoré nous explique cela en ces termes : «quand nous sommes arrivées à Korsimoro, nous avons reçu un coup de fil nous disant de faire attention car il y a des soupçons de présence de terroristes sur le trajet. Nous avons donc commencé à appeler nos fournisseurs pour nous renseigner. Le premier nous a fait savoir qu’il n’est pas au courant de la présence d’hommes armés sur la voie. Nous avons essayé de rentrer en contact avec un deuxième fournisseur mais nos tentatives sont restées vaines. Nous avons pris courage et continué le voyage.» Elle nous rassure qu’il n’y pas eu d’incident lors de ce voyage. La situation sécuritaire est si délétère dans cette partie de la localité à tel point que les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) sont obligés de faire des contrôles. «les VDP effectuent quotidiennement des fouilles et j’apprécie énormément cela», a-t-elle ajouté. Pour elle, l’insécurité est un grand obstacle à l’approvisionnement des légumes.
En plus du terrorisme, ces commerçantes doivent faire face au grand banditisme. «Les femmes sont souvent victimes de braquage sur la voie. Cela est dû au fait qu’elles quittent la maison très tôt le matin (4h) ou qu’elles sont parfois seules», confie Christine Nayaga. Certaines d’entre elles ont été victimes de braquage et cela a occasionné des fractures pour certaines et des pertes de sommes importantes pour d’autres.
Par ailleurs, une fois arrivées sur le lieu d’approvisionnement, elles doivent encore se battre pour obtenir les légumes désirés. Mamounata Ouédraogo nous explique que dans leur métier, la première arrivée est la mieux servie. Comme elles sont nombreuses sur les lieux, cela est parfois source de disputes et de bousculades. De plus, elles doivent faire face à d’autres concurrents qui sont des particuliers venus acheter directement les légumes pour leur famille.
Les vendeuses de légumes sont un maillon essentiel de la vie des marchés au Burkina Faso. Les difficultés auxquelles sont confrontées ces dernières pour s’approvisionner les contraignent à vendre les légumes à des prix élevés. Cela a un impact direct sur la vie des ménages burkinabè qui subissent le coût de ces produits.